Guinée : Les autorités interdisent la chicha sur leur territoire

 La République de Guinée fait partie des pays d’Afrique où la vente et la consommation de la chicha sont des plus fortes ces dernières années, avec des centaines de bars en moyenne par commune dans la capitale. Une consommation à laquelle se livre des adolescents qui présentent une attraction particulière pour ce tabac, et en consomment jusqu’à l’excès. Le gouvernement guinéen à décidé d’agir. Mais jusqu’où est-il prêt à aller pour faire respecter sa décision ?  

Le narguilé ou la chicha est un tabac aromatisé et parfois chimique d’origne persane, indienne ou encore égyptienne, qui est fortement répandu partout en Afrique aujourd’hui, notamment en Guinée. 

L’arrêté du 04 janvier 2021 sur l’importation, la distribution et la commercialisation de la Chicha en République de Guinée

La Guinée qui interdit d’ailleurs depuis le 04 janvier 2021, l’importation, la distribution et la commercialisation de ce tabac sur l’étendue de son territoire ce, jusqu’à nouvel ordre. 

L’annonce a été faite sur les antennes de la télévision nationale à travers un arrêté conjoint signé des ministres du commerce, du Budget, de la sécurité et de la protection civile. 

Le même arrêté invite les services des départements concernés, à procéder à l’identification et à la fermeture de tout local de consommation et espace de vente de la chicha.

Qu’est-ce qui change avec l’arrêté d’avril 2017?

Face à cette même floraison des bars à chicha un peu partout à Conakry et dans les grandes villes du pays, le service spécial de lutte contre la drogue, les crimes organisés et le grand banditisme du colonel Moussa Tiégboro Camara, avait lancé en janvier 2017, une campagne de démantèlement des réseaux de vente de la chicha en Guinée. 

Une chasse aux vendeurs de cette substance qui avait abouti à la prise le 04 avril 2017, d’un arrêté signé de Marc Yombouno, ministre du commerce à l’époque. À la différence de ce dernier arrêté pris, celui de 2017 n’interdisait pas, mais réglementait la vente et la consommation de la chicha. 

L’arrêté du ministre Yombouno disait que tout opérateur économique devra, pour procéder à l’importation de chicha en République de Guinée, se faire préalablement enregistrer au département du Commerce pour obtenir une autorisation certifiée. 

Plus loin, il limitait à 3 le nombre d’importateurs de chicha dans le pays, à 2 le nombre de distributeurs dans chacune des 5 communes de Conakry et à 1 le nombre de distributeurs par préfecture.

Pire, il imposait aux commerçants proposant la chicha l’aménagement des lieux spéciaux pour la consommation de la chicha à une distance minimale d’un kilomètre de tout établissement scolaire, universitaire ou des lieux de culte. Les commerçants devaient aussi afficher de façon claire et visible de l’interdiction aux mineurs (âgés de moins de 18 ans) sous peine de sanctions pénales.

Sauf qu’en réalité, cet arrêté avait souffert d’inapplication auprès du public concerné, encourageant les consommateurs à se laisser aller avec la chicha, devenue la tasse de thé de beaucoup d’entre eux.

Qui sont les véritables consommateurs de la chicha en Guinée ? 

La chicha est consommée en réalité par tout type d’âges en Guinée mais, c’est auprès des moins de 18 ans qu’elle enregistre un succès fou. Fille comme garçon, ils se partagent ce tuyau de fumée à multiples couleurs en rafales et ce pendant des heures, parfois même, jusqu’à perdre connaissance.

 Certains parmi ces mineurs, n’hésitent pas à affirmer, même sans caméra-cachée, qu’elle les change les idées comme si tous les problèmes du monde les tombaient dessus. 

 La couche juvénile est donc la cible privilégiée des distributeurs et vendeurs de cette substance qui se sont liés d’amitiés avec les propriétaires auprès de bars, restaurants, hôtels, boîtes de nuits, des endroits prisés par ces jeunes où se vendent comme des cacahuètes la chicha sous les yeux impuissants de ceux qui ne peuvent piper mots. 

Pour quelques bouffées de fumée de ce tabac qui n’est plus un simple parfum pour beaucoup, un consommateur débourse en moyenne 50 000 gnf soit 5 euros pour un tour. Alors que, tenez vous bien, certains friands de cette substance peuvent par sortie, faire plus de 3 tours. On peut aisément comprendre que c’est un luxe dont un guinéen lambda ne peut se permettre, au vu du niveau de vie de la majorité des guinéens.  Pour des spécialistes de la santé, les consommateurs de la chicha s’exposent à des risques de cancers du poumon, des lèvres, de la vessie et des voies aéro-digestives supérieures ainsi que des accidents vasculo-cérébraux.

Même interdit il y a quelques jours, la chicha continue d’être vendue en Guinée de façon officieuse et au prix fort. En attendant de savoir jusqu’où ira cette défiance des adeptes face au gouvernement guinéen, au sein de l’opinion publique nationale, les réactions fusent de partout. 

S’ils sont nombreux à saluer cette décision du gouvernement, d’autres guinéens en revanche, espèrent le voir se montrer rigoureux sur la question mais aussi faire face à la gestion rationnelle des fonds publics, au problème d’insécurité, ou encore la prolifération des maisons de prostitution et de tous les produits contrefaits qui gangrènent leurs quotidiens. 

Fatoumata Sylla 

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