Les hommes en treillis du camp militaire de Kita ont posé une nouvelle fois ce lundi, les jalons d’une tentative de coup d’État au Mali. Ba N’Daw le président de transition, son premier ministre ainsi que le ministre de la défense, sont mis aux arrêts. Sur place, un flou règne autour de cette affaire sensible.
Par Aissata Camara
Le président malien de transition Bâ N’Daw et son premier ministre Moctar Ouane ont été mis aux arrêts de force lundi 24 mai 2021 à leurs domiciles, par des militaires armés dépêchés depuis le camp militaire de kita où les deux hommes ont été conduits pour un interrogatoire, sans oublier le ministre de la défense nommé la veille.
Il est reproché au pouvoir de transition, à en croire certaines sources militaires et civiles contactées par notre rédaction, la mauvaise gestion du pays marquée par la corruption entraînant des » frustrations « , avant même la publication, dimanche soir, d’un décret de formation du nouveau gouvernement qui ne contenterait pas tous les maliens.
Le Bataillon Autonome des Forces Spéciales (BAFS) du colonel Assimi Goita qui a conduit les opérations du coup d’État du 18 août dernier contre Ibrahim Boubacar Keita, serait à l’origine, de ce qui s’apparente depuis hier, à une tentative de coup d’État. On se rappelle, que le colonel Goïta était vu comme l’homme de la situation après le putsch mais n’a malheureusement eu le soutien de la CEDEAO, l’Union Africaine et les autres institutions pour conduire la transition.
Dans la soirée du 24 mai, la réaction des institutions africaines et internationales notamment l’Union Africaine, la CEDEAO et la Minusma ne s’est pas fait attendre. Elles condamnent ces agissements qui vont à l’encontre de la stabilité sociopolitique du Mali et exigent la libération sans condition du président de transition et cie.
Réactions des maliens
Depuis lundi soir, les réactions des maliens sont mitigées face à ces enlèvements forcés des trois hommes. Pour un groupe de citoyens, il est temps d’en finir avec ce gouvernement qui peine à respecter ses engagements. C’est le karma qui les frappe. Ils ont trahi le mouvement M5RFP et tous les maliens. C’est bien que les militaires reprennent le contrôle de la situation, a réagi Barou, un malien qui justifie le comportement des anciens membres du CNDP.
D’autres en revanche ne partagent pas cette idée et trouvent d’ailleurs inapproprié la poursuite du cycle effréné d’instabilité politique auquel le Mali est confronté depuis plus d’un demi-siècle. On a l’impression de vivre un coup d’État dans un autre et ça fait honte au pays. Nous sommes déjà assez exposés avec les mouvements terroristes, il faut que les maliens se calment et travaillent pour le bien du Mali, commente Kadiata Cissé une malienne a qui nous avons tendu ce matin notre micro.
Pour l’heure, le colonel Goïta et ses alliés n’ont pas encore communiqué sur leurs intentions qui sont connues d’avance au regard de la situation qui prévaut et qui pourrait dégénérer. Aussi, aucune information n’a filtré sur la libération du président de transition Bâ N’Daw, du premier ministre Moctar Ouane et du ministre de la défense nouvellement nommé le général Souleymane Doucouré.
