Bénin: Tout savoir de la Présidentielle d’avril 2021

Au Bénin, la présidentielle approche à grands pas. Les institutions impliquées dans l’organisation sont aussi avancées dans les préparatifs, même si le nouveau cadre juridique divise profondément. 

Par Sêmèvo Bonaventure AGBON

Dimanche 11 avril 2021. Soit dans un peu plus d’un mois, les Béninois iront au vote. Les citoyens en âge d’exprimer leurs suffrages et remplissant les conditions s’élève à 5 523 524 dont 45 543 de Béninois de l’extérieur (0,82%). 

Ce sont les chiffres dévoilés, mercredi 10 février par le président du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos-Lépi). Ces électeurs seront répartis sur 7 860 centres de vote dont 11 à l’extérieur. Cet « effectif de la Lepi intègre les nouveaux inscrits et les nouveaux majeurs en référence à la date du scrutin de l’année 2021 », a précisé l’Honorable Gilbert Bangana lors d’une cérémonie de remise officielle de ladite liste électorale. 

Trois duos provisoires

Sur quel duo-candidats les électeurs vont-ils poser leur pouce ? La Commission électorale nationale autonome (Cena), institution en charge de l’organisation de l’élection, a conduit du 1er au 4 février l’opération d’enregistrement des dossiers de candidature.

 Ces quatre jours elle a vu défiler dans ses locaux 20 candidats individuels et duos. Après une semaine d’examen desdits dossiers, la décision est tombée vendredi 12 février : seulement trois duos ont été retenus pour figurer sur la liste des candidats en lice. Parmi eux,  le président Patrice Talon candidat à sa propre succession et sa colistière Mariam Chabi Talata.

Enregistrement d’un candidat à la CENA

 Ces visages de la mouvance affronteront deux binômes de  l’opposition : Alassane Soumanou et Paul Hounkpè (parti Fcbe), et Corentin Kohoué et Irenée Agossa.

Les motifs de rejet des 17 autres dossiers sont multiples. Les plus frappants sont relatifs au non-respect des textes en vigueur. Ces dernières années, en effet, de nouvelles règles sont apparues dans le jeu électoral au Bénin. 

La plus controversée est l’instauration du parrainage par la Constitution et le Code électoral. Il est fait obligation au duo-candidats à présenter au moins 16 parrains maires et/ou députés. « Ainsi, outre les pièces habituellement requises dans les déclarations de candidatures, une des exigences de ces nouvelles lois évoquées a trait à l’institution pour toute candidature, d’un duo de Président et de Vice-Président ainsi que l’obligation faite à chaque duo de candidats d’être parrainé par un nombre de députés et/ou de maires correspondant à au moins 10% de l’ensemble des députés et des maires soit au moins 16 élus par duo de candidats », avait rappelé la veille du démarrage de l’opération d’enregistrement des candidature, Emmanuel Tiando président de la Cena. 

Un autre candidat se faisant enregistrer à la CENA

Certains candidats ont délibérément choisi de ne pas s’y conformer pour marquer ainsi leur opposition à ces réformes. Tel le cas du candidat sans colistier et sans parrainages Ganiou Soglo. 

Le fils de l’ancien président Nicéphore Soglo, opposé comme son père au président Talon, a « déposé son dossier conformément à la Constitution du 11 décembre 1990 », alors que la Loi Fondamentale en vigueur au Bénin est, certes, celle du 11 décembre 1990 mais déjà révisée en novembre 2019 par l’Assemblée nationale.

 Cette même loi, traitée de ‘’monocolore’’ ; en avril 2019, à empêchée les partis de l’opposition de participer aux législatives. 

Se référer à la Cour

L’opposition critique que la majorité écrasante des élus appartient à la Mouvance. Reproche partagé par la Société civile. « En somme, au regard du déroulement des élections législatives d’avril 2019 et l’élection des maires de mai-juin 2020 au Bénin, sur les 16026 parrains institués par le système de parrainage, 135 parrains (soit 84,37%) sont entachés de fortes suspicions d’illégitimité. Par ailleurs, sur les 160 députés/maires parrains, 154 (soit 96,25%) appartiennent à la majorité présidentielle », avaient écrit en septembre 2020, dans un document de position dix organisations de la Société civile dont Changement social Bénin, Amnesty international Bénin et Social watch. 

Et de demander la « relecture consensuelle du cadre légal électoral en vue de l’élection présidentielle de 2021 pour la paix et le renforcement de la démocratie »

Parmi les pièces manquantes ayant valu le rejet à d’autres aspirants à la fonction présidentielle figurent aussi la quittance de paiement de la caution, le quitus fiscal, la déclaration sur l’honneur des candidats, le certificat de nationalité et le bulletin numéro 3 du casier judiciaire. 

Il ne reste aux candidats recalés et non satisfaits de la décision, qu’à saisir la Cour constitutionnelle compétente en matière de contentieux électoral. Si tous les recours devant elle échouent, ces trois duos seront publiés comme liste définitive des candidats en lice pour le 1er tour fixé au 11 avril prochain. Les candidats recalés ont 72h pour saisir la Cour constitutionnelle.

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