Côte d’Ivoire : Les opposants Henri Konan Bedié et Pascal Affi Nguessan ont-ils vraiment été arrêtés ?

Des internauutes  n’ont cessés d’annoncer sur les réseaux sociaux numériques le 03 novembre, l’arrestation de Henri Konan Bedié et Pascal Affi Nguessan tous les deux opposants du régime en place. Que s’est-il réellement passé à leurs domiciles au soir de l’élection d’Alassane Dramane Ouattara comme président de la Côte d’Ivoire ? 

Henri Konan Bedié, 86 ans ancien président de la République et opposant aujourd’hui, s’apprêtait à donner une conférence de presse le mardi 03 novembre quand soudain tout s’estompe. Une conférence avortée, où le politique devait certainement parler de la réélection d’Alassane Dramane Ouattara comme président de la République qu’il ne reconnaît d’ailleurs pas dans cette fonction.

L’homme politique la veille, s’est vu porté par ses pairs de l’opposition, à la tête d’une plate-forme  appelée conseil national de la transition, afin disent-ils de rétablir l’ordre constitutionnel. 

Dans l’après midi du mardi 03 novembre, son domicile ainsi que celui de son allié Affi Nguessan ont été quadrillés par les forces de sécurité ivoiriennes armées. Sur place aucune entrée et sortie n’est autorisée même pas pour les journalistes présents à la devanture du domicile de Bedié au quartier Cocody, où devait se tenir la conférence.

https://twitter.com/HKBofficiel/status/1323433969346555904?s=19 

À l’intérieur du domicile de Bedié, se trouvait une frange importante des membres de l’opposition. Henri Konan Bedié n’ayant pas été arrêté a vu en revanche certains de ses proches embarqué selon les témoins présents dont son neveu.

Pascal Affi Nguessan qui a lui disparu des radars depuis le mardi 03 novembre, a également sa résidence de la Riviera surveillée par les forces de sécurité. Même scénario pour plusieurs membres de l’opposition.

Sur les motifs de leur présence demandés par les journalistes, les fds ne diront pas plus à part  » respecter les instructions données  » mais par qui ? L’équipe de presse présente sur les lieux au moment des faits chez Henri Konan Bedié, n’en saura pas plus. 

En même temps que ces événements se produisent, sur les réseaux sociaux numériques, l’annonce des arrestations se multiplie faisant croire à une violation des droits individuels et des libertés collectives. Plusieurs enlèvements d’opposants sont signalés dans les tweets et publications Facebook par les internautes. 

Sur son compte Twitter, le parti LIDER de Mamadou koulibaly membre du collectif de l’opposition ayant mis en place le CNT, annonçait dans la soirée la libération des personnes arrêtées.

https://twitter.com/LIDER_CI/status/1323736988487397381?s=19 

Un tweet remis en cause le mercredi par un communiqué des avocats de Bedié. Communiqué dans lequel ils denoncent l’arrestation arbitraire dont a fait l’objet certains avocats de l’opposition et l’enlèvement des personnes proches à leur client pour des destinations inconnues.

Que reproche-t-on à ces opposants ? 

Après le tollé qu’a suscité cette affaire le mardi, le ministre de la justice Sansan Kambile s’est exprimé en fin de soirée, afin dit-il de clarifier les choses. 

 » Le lundi 02 novembre 2020, monsieur Pascal Affi Nguessan s’exprimant au nom d’une plate-forme de l’opposition, a annoncé la mise en place d’un organe de transition dénommé conseil national de transition devant se substituer aux institutions républicaines légalement constituées  » a affirmé le ministre d’entrée de jeu. 

Mais il ne s’arrêtera pas là  » cette déclaration, ainsi que les violences perpétrées suite au boycott actif, constituent des actes d’attentats et de complots, contre l’autorité de l’Etat, et l’intégrité du territoire national  ». 

Des faits aux dires du ministre de la justice qui ne resteront pas sans suite  » ces faits sont prévus et punis par la loi pénale, condamnant avec la plus grande fermeté ces actes de sédition, le gouvernement a saisi le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan, afin que soit traduis devant les tribunaux, les auteurs et les complices de ces infractions  » a t-il martelé. 

Sur la question des arrestations dites ciblées des opposants, le ministre de la sécurité Vagondo Diomandé quant à lui, parle plutôt de rétablissement de l’autorité de l’Etat et non d’arrestation.  » Dans un contexte grave, il est important de rétablir la sécurité et de s’assurer que des surprises ne peuvent pas intervenir c’est dans ce cadre là, que des fds ont menées des patrouilles et ont procédées, à la dispersion de petits regroupements par ci par là  » laisse entendre le ministre de la sécurité ivoirienne. 

Les opposants qui sont pour le moment placés en résidence surveillés pourraient dans les jours à venir, voir le procureur de la République se saisir de leur cas ou peut-être engager des poursuites judiciaires pour trouble à l’autorité de l’Etat. 

Les observateurs nationaux des élections du 31 octobre dernier et ceux internationaux notamment de la CEDEAO, de l’union africaine et de l’ONU, ont déjà approuvés les résultats provisoires proclamés par la commission électorale indépendante. Des résultats que contestent l’opposition et leur a valu la mise en place du conseil national de transition et la formation d’un gouvernement appartenant à celui ci. 

Rédigé par Aissata Camara

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